Dans une autre série d'œuvres, Valérie Kessler isole des objets apparemment banals, en les amenant à une nouvelle lumière grâce au pouvoir de la couleur et de l'isolement. Prises isolément, les fleurs et l'écorce des arbres deviennent soudain de nouveaux objets à part entière. Sur des fonds vibrants de couleurs chaudes comme le rouge et le jaune, les objets apparaissent accessibles et délicats tout en restant indépendants et monolithiques. La forme conique de la fleur et la courbure cylindrique de l'écorce s'enroulent gracieusement sur elle-même - la fleur triomphe dans sa plénitude tandis que l'écorce attire l'attention sur les espaces entre leurs bords, l'espace est centralisé et crée une tension de "proximité" qui se fait sentir tout au long du travail. Dans les deux cas, le caractère complet ou incomplet des objets semble sain en soi. Valérie Kessler développe plus avant ce thème de la complication de l'imagerie familière par des moyens énigmatiques à travers les peintures de créatures mi-hommes mi-animales qui côtoient celles décrites ci-dessus.

La matérialité, la couleur et l'émotion se combinent dans chaque œuvre pour laisser le spectateur avec un sentiment persistant de tranquillité et une curiosité renforcée par la familiarité et le mystère simultanés de l'environnement et des objets qui les entourent. Et c'est peut-être la partie la plus émouvante des œuvres de Valérie Kessler - ce n'est pas qu'elles n'ont pas besoin d'explications, mais plutôt qu'elles s'expliquent tout au long du processus de visualisation.

Texte: Lisa Aubry